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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/30

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VIERGES EN FLEUR

— Parfait. Le curieux que je suis s’offrira le spectacle de cette aventure. Je vais à Trégastel.

— Ah !

— Vous semblez fâché ?

— Un peu, je vous l’avoue.

— Rassurez-vous… Je ne serai pas un témoin gênant. Mais je pourrai vous être un conseiller utile.

— Quelle idée de venir en notre Bretagne sauvage, vous le viveur, le mondain de Paris !

— L’attrait de l’inconnu, et la magie d’Armor.

— Mais vous vous ennuierez. Ni joies ni distractions n’existent sur ces côtes.

— Hé ! justement, je fuis les casinos, les fêtes, les foules élégantes et bruyantes. Je cherche un trou sauvage, un coin perdu, sans femmes, où je puisse vivre un mois de repos absolu, respirer le bon air, me brûler au soleil. N’avoir ni compagnon, ni ami, être le passant que personne ne connaît, qui ne connaît personne, et pouvoir m’affranchir de parler, de penser : voilà mon rêve. Je suis très éreinté. L’amour est un labeur qui fatigue et tue avec son éternel travail de jour et de nuit… Comme je m’enquiérais d’une plage réconfortante, dépourvue de tentations, où l’on n’est pas hanté par la vision des baigneuses que la vague déshabille en fondant leurs cos-