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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/31

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VIERGES EN FLEUR

tumes, en collant leurs jerseys sur leur peau comme un mince épiderme de couleur, un ami m’indiqua Trégastel et ses grèves. Voilà pourquoi j’élis ces parages vertueux.

— Vous me faites très peur.

— Moi ?

— Je tremble pour ma Luce.

— La femme d’un ami m’est sacrée…

— Luce n’est pas ma femme…

— Rassurez-vous, l’abbé, je n’irai pas rôder, comme un diable, à ses trousses. Je ne murmurerai pas à l’oreille de votre Ève des sortilèges charmeurs. Puis, ne me prenez pas pour le séducteur à qui l’on ne résiste pas. Votre pure amie, j’imagine, n’est pas la demoiselle à la cuisse légère qui s’offre, à la disposition du premier venu demandant, en passant, l’aumône du baiser. C’est, vous me l’avez dit, une de ces vierges chastes qui ne défaillent pas, qui possèdent une âme triplement vierge dans un corps verrouillé, ferré, cadenassé.

— Mais les plus pures âmes et les plus chastes corps cèdent si facilement aux hantises du vice ! En conversant avec vous, je comprends maintenant l’empire que les Don Juan de votre race exercent sur la femme…

— J’ai passé dix années de ma vie à apprendre l’art de faire l’amour. J’en connais évidemment