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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/301

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VIERGES EN FLEUR

bert espérait que depuis sa réincarnation, du moins, aucun trouble d’amour n’avait jailli en elle, et qu’il serait son doux, son tendre initiateur.

Ah ! comme il maudissait ce fiancé inconnu, ce lâche disparu, qui avait eu les prémices du cœur de Marie-Reine, et de sa chair aussi sans doute, car on ne pleure pas si désespérément les seuls frissonnements d’âme qui sont l’éveil d’un cœur. La possession complète, le suprême abandon dans la joie infinie, peuvent seuls créer l’immense désolation.

Un instant, Philbert crut qu’il n’aimait plus Marie.

Mais il constata bien vite, au contraire, que son excessive ardeur croissait encore, et que l’âpre souffrance de celle qui portait le deuil de son amour, l’attirait davantage vers elle, désormais.

C’était sa rédemption à lui, le débauché, le semeur de tristesses semblables à celles de Marie, — peut-être, — car les vierges abandonnées n’avaient-elles pas aussi pleuré, aussi souffert, aussi gardé d’incurables blessures ? C’était sa rédemption : lentement, doucement, panser le cœur malade, y recréer l’espoir, y ranimer la vie !

Le charme et la puissance de la douleur pé-