toute son âme, fut atteinte d’un mal profond et incurable, vivace encore aujourd’hui comme au premier jour. Elle voulut mourir, but un poison mortel, et c’est par un miracle de Dieu qu’elle a été sauvée. Mais je tremble sans cesse. Cette idée de la mort la hante et la poursuit. Vous l’avez vue tantôt, quand ces marins qui nous ont amenés redoutaient un mauvais coup de vent. Comme ses yeux flambaient ! Quel espoir en pensant que la mort était là peut-être, allait nous prendre !
— Comment, pleurer deux ans un fiancé parti ! Quelle rare constance !
— Oui, d’autres en effet auraient vite oublié et seraient mariées aujourd’hui. Marie-Reine se considère comme une veuve ; elle porte le deuil de son amour défunt. Mon pauvre cœur de mère saigne de cette détresse, et cherche un remède pour guérir mon enfant : car c’est de la folie presque, cette idée fixe de désolation et de regret !
Tout d’abord, Philbert fut meurtri par une jalousie féroce, en pensant que l’Idole avait été aimée, avait aimé, aimait encore ! Il la désirait vierge ; il l’eût aimée innocente, avec une chair neuve, un cœur non défloré. La nouvelle Marie pouvait avoir dans l’âme tout le vice et toute la galanterie de la reine de volupté ; mais Phil-