celui qui s’éclôt dans les larmes et les râles, mêle les pleurs d’un homme aux larmes d’une femme, c’est l’amour triomphant qui ne mourra jamais, qui enlace l’amante et l’amant de nœuds indissolubles que rien ne tranchera, rien, pas même la mort !
— Aimer, c’est donc souffrir ?
— Peut-être.
— Ah ! je préfère alors mes belles folies d’hier, mes fêtes de plaisir, mes nuits de volupté.
— La volupté, vous l’ignorez encore ! Oui, vous n’avez connu que le spasme, l’instant d’amoureux délire, la brève frénésie des secousses charnelles. Mais la volupté sacrée et surhumaine, vous la connaîtrez demain, grâce à l’amour suprême qui vous rejettera bientôt aux bras de Marie-Reine, malgré tous les efforts actuels pour vous arracher d’elle. Et cette lutte même qui vous déchire en ce moment c’est le symptôme certain que vous êtes voué à cette extrême passion, l’unique, la royale, celle qui devrait magnifier chaque vie, si les hommes étaient dignes de cette splendeur, s’ils ne s’égaraient pas en des voies ténébreuses de cupidité, d’orgueil, de haine, voies où jamais ne germe la douce fleur d’amour !
— Puisque la destinée est plus forte que moi, je ne lutterai plus. Je retourne dans l’île.