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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/316

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VIERGES EN FLEUR

— Oh ! cher, exilez-vous loin du monde. Cachez jalousement votre bonheur. Emmurez-vous, les doux amants, dans un bel ermitage où rien des laideurs et des horreurs humaines ne viendra jusqu’à vous. Les années passeront sans ronger la tendresse ; Marie-Reine, à vos yeux, aura toujours vingt ans ; pour elle, vous serez toujours le fier jeune homme que ses pleurs appelaient, que son deuil évoquait. Croyez-moi, son incurable tristesse et sa désolation, ce n’est pas le regret de l’autre, la nostalgie du passé, mais l’espoir inexaucé, inassouvi de vous, qui êtes le futur.

— Elle m’aimera donc ?

— Elle vous aime déjà ! Sans doute ignore-t-elle encore le désir de sa chair, le trouble de son cœur, mais l’amour surgira brusquement et les temps sont venus où l’ennemi des vierges sera le doux ami de la Femme, l’Amant.

Philbert retourna donc à l’île. Mme Mercœur et ses deux filles avaient loué la maison du douanier, Elles la décoraient, lui donnaient un air de coquetterie parisienne, rien qu’avec des étoffes éclatantes jetées sur les meubles, des vases garnis de fleurs et quelques aquarelles.

— Maintenant, dit Philbert, il n’y a plus de place pour moi ?

— Je laisse à votre disposition, répondit