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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/331

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VIERGES EN FLEUR

êtes amoureux. J’ai cru que ce n’était qu’un feu de paille, un caprice, qui serait vite éteint. Mais, comme il se prolonge, j’ai voulu avoir avec vous cette explication.

— Oui, madame, c’est vrai, j’aime…

— Eh bien, mon ami, je vous l’ai dit : Fuyez !

— Pourquoi ?

— Parce que, pauvre ami, sachez qu’un mariage entre ma fille et vous est impossible, oui, impossible, je le répète. Je ne suis pas une de ces mères, qui, pour marier leur enfant, duperaient un brave garçon, et commettraient ainsi une mauvaise action. D’abord, je suis convaincue que Marie-Reine, s’il était question de mariage, se révolterait, refuserait brutalement l’honneur que vous lui faites. Mais d’autres obstacles existent. Et même si la pauvre enfant acceptait cette union, je vous dirais, monsieur que Marie-Reine n’est plus de celles qu’on épouse. Depuis deux années, ma chère petite mignonne est frappée d’un mal incurable, effrayant. Je suis même étonnée que depuis son arrivée en cette île, elle n’ait eu aucune atteinte, en votre présence. Les médecins que j’ai consultés ont prononcé le mot terrible de catalepsie. Oui, brusquement Marie s’abat, perd connaissance, et pendant des crises qui durent plus d’une heure, elle se convulse, elle se débat, prononce des paroles incohérentes ; dans ces ac-