reux de votre sort, vivant comme un ermite ! Quelle existence pour un homme jeune, et quelle oisiveté ! Vous passez vos journées à rôder sur les grèves, dans les champs, ou bien en compagnie des pêcheurs sur la mer. Comment pouvez-vous prendre plaisir à cette existence sans but et sans rêve ?…
— Sans rêve, dit Philbert. Croyez-vous donc vraiment que je n’aie pas de rêve et pas d’ambition ?… Mais ce qui me tente, ce n’est pas l’assaut de la fortune, de stériles honneurs ; c’est une conquête plus belle, la conquête du bonheur !
— Vous l’attendez ici ?
— Ce n’est que dans cette île que je pourrai l’atteindre…
— Pauvre jeune homme !…
— Vous me plaignez.
— Oui, certes…
En sortant de table, Mme Mercœur entraîna Philbert sur la côte, laissant ses filles à la maison.
Puis, brusquement :
— Mon ami, il est temps de parler, d’être franc et sincère. Je vous estime assez pour écouter votre confession, et l’ayant entendue pour vous dire : Fuyez ! Vous aimez Marie-Reine : je le vois, je le sais. Chacun de vos regards et chacun de vos gestes est un aveu. Si vous restez à Batz, si vous acceptez ce séjour absurde, c’est parce que vous