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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/339

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VIERGES EN FLEUR

son amant. Puis, ayant longuement, doucement, baisé sa bouche :

— Dodo, mon grand ami. Dormons bien cette nuit…

Les rayons du soleil pénétrant dans la chambre les éveillèrent au même instant. Alors ce fut une averse de baisers, une joie délicieuse et vivo de se retrouver ainsi, l’un à l’autre, et sûrs désormais de leur bonheur.

Puis, tout le jour, ils coururent dans l’île, babillant, se tenant par la main comme des enfants, faisant mille projets, joyeux de leur folie.

Sur la côte déserte et inhabitée que baigne la pleine mer, Philbert montra à Marie-Reine un vaste terrain, enclos par un fossé tout récemment creusé.

— Voici, lui dit-il, la place où je veux édifier mon château de légende pour recevoir ma reine. Nous serons isolés ici, dans notre amour. Je veux faire un palais digne de toi, Marie…

— Oh ! répondit-elle, mon cher amour, crois-tu que le bonheur exige tant de somptuosité ? Non, non, je ne veux pas pour nous un de ces palais fastueux, ainsi que les bourgeois de Bretagne en ont dressé sur toutes les côtes. Si tu réalisais ce projet, dans cette île pauvre, nous serions comme un roi et une reine. Je ne veux pas,