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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/341

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VIERGES EN FLEUR

dissiper, et qui s’évanouiront dans la sécurité de notre grand amour.

Elle continua :

— Si tu veux, nous voyagerons, nous irons vers le midi, le nord m’effraie. C’est la terre des cœurs durs et cruels. Et quand parfois, sur la côte, mes regards se tournent vers les Îles-Britanniques, il me semble que l’Océan n’est plus qu’une tache de sang. Oh ! je serai heureuse de parcourir avec toi ces pays inconnus, où le ciel est toujours bleu et sans brumes mortelles, où tout sourit aux amoureux, où la terre en toute saison se pare de roses…

— Oui, je t’emmènerai dans les édens fleuris…

— Puis nous remonterons parfois vers ces côtes sauvages de la Bretagne, ces côtes qui ont une attirance magique, ensorceleuse, et que j’aimerai mieux désormais encore, puisqu’elles sont la terre bénie où j’ai trouvé l’amour.

Philbert et Marie-Reine traversaient un hameau d’apparence sordide. Les maisons tombaient en ruines. À travers les portes vermoulues, on apercevait des murs écroulés, des familles nichées en ces taudis, des enfants grouillant et piaillant

— C’est étrange, fit Marie-Reine, le hasard me ramène chaque jour vers ces demeures ; et je