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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/41

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VIERGES EN FLEUR

une longue nuit, quelle fête au château, si les trois sœurs voulaient…

Si leur pudeur s’épouvantait de la superbe orgie, du moins restait-il l’espoir de la chair tentante de Jeanne qui s’était à demi donnée déjà, ou promise du moins par l’étreinte des mains.

Vers quatre heures de l’après-midi, dans un ruissellement fauve de soleil, Philbert aperçut la silhouette étrange du manoir, ses tourelles croulantes, ses murailles aux formes féeriques, qui semblaient d’immenses bêtes, des dragons, des chimères accroupies, mais prêtes à défendre un castel de légende.

Le voiturier parlait, racontait que la demeure féodale était habitée actuellement par trois demoiselles, un peu toquées, dont les excentricités stupéfiaient le pays. Si l’on n’avait connu leur famille, depuis des générations, on les eût prises pour des païennes, car on ne les voyait jamais à l’église, pas même les grands jours de fêtes carillonnées. On racontait qu’une nuit un berger attardé les avait aperçues toutes trois, nues, dansant au clair de lune et se baignant dans un ruisseau. Une servante congédiée avait dit à sa mère que les souterrains du château recelaient des abominations.

Mais, bavardait le cocher, ce sont là des récits de commères, des contes de paysans ; je n’en