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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/61

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VIERGES EN FLEUR

vre mère mourut très jeune et notre père dissipa rapidement des millions. Il aimait trop les femmes ; jusqu’à son dernier jour il voulut le charme de jolies maîtresses. Il avait ici de jeunes gouvernantes, qu’il appelait ses gardes-malades, ou ses lectrices et qui, nous le savions, étaient ses douces amies. Il ne nous a laissé que de très maigres rentes et Jeanne disait vrai, monsieur, nous sommes presque pauvres ; voilà pourquoi nous demeurons ici, dans une solitude qui nous attriste et souvent nous fait pleurer.

— Eh bien, vous vous trompez ; vous avez des richesses, mais vous les ignorez. J’ai vu, dans votre salon, de merveilleuses peintures.

— Vous plaisantez sans doute.

— Nullement. Les panneaux de Watteau ont une inestimable valeur. Je suis certain que vous pourriez les vendre au prix de quatre ou cinq cent mille francs.

— Quatre cent mille francs !

— J’en ai la certitude. Dès demain, j’annoncerai par lettre ma découverte à un de mes amis de Paris qui est un connaisseur éclairé et un acheteur honnête. Il accourra de suite, trop heureux de l’aubaine.

— Oh ! quelle joie, monsieur. Ainsi qu’un magicien vous venez nous apporter le bonheur. Nous pourrons donc quitter ce domaine de tris-