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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/60

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VIERGES EN FLEUR

— Vous aimer toutes trois à la fois !

Les demoiselles de Kerbiquet et leur hôte, en babillant, avaient pris place à la table parée de fleurs et d’argenterie, baignée dans la douce lumière rose des fleurs de soie écloses sur les lampes. La table était petite et ronde, de sorte que Philbert se trouvait enserré entre Yvonne et Michelle, et qu’en s’inclinant un peu, il eût, en face, uni sa bouche à la bouche de Jeanne, mêlé ses jambes aux siennes, et ses mains à ses mains.

Il était à demi grisé par les parfums.

Michelle avait sur elle une chaude senteur de roses. Yvonne dégageait un arome d’iris et de violette. De la gorge de Jeanne montait, comme un encens, la subtile fumée des héliotropes. Les odeurs se mariaient en un très suave et très aphrodisiaque bouquet, où venait se fondre plus troublante et plus forte, l’essence violente des chairs blanches, des chairs roses.

Philbert se régalait des mets savoureux qui lui étaient offerts. Il louait surtout la qualité des vieux vins et protestait contre les paroles de Jeanne qui, le matin, avait déploré la médiocrité d’une existence presque pauvre.

— Nous avons, il est vrai, dit Yvonne, les reliefs d’une fortune considérable ; nos parents possédaient une richesse princière ; mais notre pau-