Aller au contenu

Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
73
VIERGES EN FLEUR

sœur ? demanda l’aînée des demoiselles de Kerbiquet.

— Hier elle était captive…

— Vous l’avez délivrée ?

— De sa virginité !

Michelle proposa la promenade aux ruines.

Les pierres de granit rose avaient un éclat féerique ; le sommet de la vieille tour étincelait, cuirassé de soleil ; plus bas, c’étaient des lierres, des chèvrefeuilles qui ruisselaient et formaient des cascades de verdure. Dans les feuillages, Philbert aperçut ces merveilleuses roses-pleurantes qui étaient la gloire du vieux castel.

Les troncs des vieux rosiers centenaires serpentaient sur les murs, s’enfonçaient dans les crevasses ; des gerbes de fleur pâles s’épandaient, retombaient, frissonnaient au moindre souffle, semblaient couler comme de mystérieuses larmes.

Yvonne de Kerbiquet conta la légende des roses :

Au temps de la Terreur, des bandes ennemies avaient envahi le château, juste au lendemain des noces de la douce Marie-Anne de Brezec avec René de Kerbiquet. Le jeune châtelain, après avoir héroïquement soutenu le siège, fut conduit au pied de la tour, massacré par les bleus avec sa jeune femme ; les rosiers qu’ils avaient plan-