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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/76

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VIERGES EN FLEUR

tés, à l’heure de leurs fiançailles, furent arrosés de leur sang. Et depuis ce jour-là, chaque année, les fleurs pleurent…

— Mourir au lendemain d’une nuit de baisers, c’est la plus douce mort ! balbutia Philbert.

— Oui, la plus douce mort ! répéta une voix douce et triste.

Jeanne, les yeux mouillés, était près de la tour.

Elle murmura :

— Pleurez, roses, pleurez sur mon bonheur défunt !

— Très chère Jeanne, dit Philbert, il ressuscitera bientôt ; il s’épanouira de nouveau ; en gerbes somptueuses les roses fleuriront, Jeanne, consolez-vous.

— Je ne pleurerai plus. Ma détresse s’apaise au souvenir des joies que vous m’avez données et qui refleuriront éternellement en moi. Si ma bouche demain s’unit à d’autres bouches, si je connais encore les fêtes de cette nuit, c’est vous, c’est vous Philbert, que je retrouverai et que j’étreindrai encore, vous l’initiateur, vous le révélateur ! Oui, oui, je te l’ai dit : un peu de moi aussi, m’ami, vivra en toi, frissonnera sans fin dans ton cœur, dans ta chair. Les amours, en tombant en nous, n’y meurent pas et ne sont pas détruites par les amours nouvelles,