s’enfuit, alla se poser contre un mur que tapissait une lourde tenture de velours noir et funéraire. Ses yeux alors semblaient lancer des étincelles, flamber de flammes vertes. Des reflets de follets scintillaient dans l’or de ses cheveux.
Philbert vint lentement jusqu’à l’ensorceleuse, et ses mains tout d’abord fouillèrent ses cheveux.
— Ami, que cherches-tu ? dit-elle frissonnante.
— Tes cornes de Satane ! répondit le jeune homme.
Yvonne rit. Sa voix éclata, comme un cri surhumain hululant dans la nuit.
Puis elle murmura :
— Oui, je suis diabolique. À peine née, l’enfer me berça dans ses bras. Le jour de ma naissance ma mère faillit mourir : on ne songea guère qu’à la chère malade, et l’on confia l’enfant à une femme qui passait, les mamelles pleines, demandant asile, offrant son lait. On la garda plusieurs années au château. On ne sut jamais ce qu’était cette femme. Mais je me souviens bien qu’elle me parlait sans cesse des esprits de la lande, des lucifers bretons, des nains, des korrigans, et que parfois la nuit elle se levait toute nue, disparaissait jusqu’au matin. Plus tard, je n’avais que trois ans alors, mais je me