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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/80

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VIERGES EN FLEUR

— Oh ! dit-elle, j’avais peur, déjà je pleurais presque ; et je te maudissais, t’osant croire félon !

Philbert alla s’asseoir à la table fleurie où les seins palpitants, dans les robes de bal, offraient leur beauté et leur encens.

Puis, ainsi que la veille, unissant les trois sœurs, il se mit à genoux, effleura les trois bouches, et détacha Yvonne de la grappe parfumée.

Yvonne était la plus grande des demoiselles de Kerbiquet. Sous ses cheveux d’un or fauve et flambant, ses yeux glauques avaient des éclairs et des ombres magiques. Son corps souple et long s’agitait dans la robe en torsions étranges ; et la soie par instants semblait la peau luisante de la gorge et du ventre d’une sirène verte.

Ses seins rigides dressaient, très bas sur la poitrine, leur ferme plénitude séparée par un val profond, où la chair prenait des nuances bleutées.

En montant l’escalier de chêne tout sculpté, Yvonne s’enlaçait à l’amant, l’enserrait en ses longs bras tentaculaires : elle collait ses lèvres humides sur les yeux de Philbert, distillait une caresse engluante de démone, puis semblait s’arracher au baiser provoqué.

Et sitôt arrivée en la chambre d’amour, elle