devenait pâle, semblable au visage entrevu là-haut, dans l’azur ténébreux.
Alors il se leva, fit couler de sa bouche un chaud ruissellement de baisers fous, de baisers affamés sur la chair pantelante qui demeurait immuablement froide.
Dans une vasque proche, une gerbe géante de grands lis blancs jetait ses parfums léthargiques.
Yvonne lentement se leva ; elle prit en ses doigts menus, l’une après l’autre, chaque tige, en joncha le tapis, et des fleurs virginales fit une couche blanche ; puis son corps se mêla aux calices embaumés.
— Et maintenant, mourez, dit-elle, ô les fleurs vierges !
Yvonne se donnait, avec une féroce rage. Ses dents mordaient, ses bras se serraient ainsi que les anneaux d’une chaîne de fer, enfermant le captif dans l’étreinte impérieuse.
Philbert était lentement terrassé, par les parfums, par les baisers. Une ivresse pesante s’abattait sur son crâne, et ses yeux se fermaient. Il luttait, mais en vain. Il se sentit rouler au fond d’un précipice de cauchemar, tombant toujours et s’enfonçant dans un gouffre de lis blancs et de gorges blanches.
Lorsque, après cette nuit, il s’éveilla, il se retrouva dans une chambre claire et sans mystère.