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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/86

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VIERGES EN FLEUR

Il ne vit ni les lis, ni l’amante, ni le décor étrange de la chambre d’amour. Son ami Thièlemans, l’expert, venait d’entrer, secouait son sommeil.

— Allons, grand paresseux, voici déjà neuf heures. J’accours à ton appel et suis exact, tu vois.

Philbert, désemparé, les yeux égarés, cherchait à se ressaisir. Comment se faisait-il qu’il était dans ce lit, ayant fermé les yeux sur la jonchée des lis et ses bras enliés au corps de son amante ?

— Lève-toi, lève-toi ; je suis impatient d’admirer les merveilles, fit l’expert du ton ironique de quelqu’un qui ne croit guère aux emballements, ayant été maintes fois déçu.

Philbert, à la hâte, se leva sans dire une parole.

— La campagne te réussit mal, dit Thièlemans, tu as l’air tout à fait idiot ce matin !

— J’ai peu dormi, j’ai été hanté par des rêves.

— Et ces fameux Watteau, tu les as vus en songe ?

— Viens donc, vieil incrédule.

Devant les peintures, Thièlemans n’eut aucun enthousiasme. Sans laisser paraître sur son visage de l’étonnement et de l’admiration, il examina longuement, minutieusement les ta-