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du français, et particulièrement du vieux français. Le couronnement de mes labeurs en ce domaine a été mon Dictionnaire de la langue française, comme l’a été dans le domaine de la médecine mon édition des œuvres d’Hippocrate, et dans celui de la philosophie positive mon livre sur Auguste Comte. Mais, même après avoir atteint ces trois points de mon ambition de faire et de savoir, j’ai joui, à ma manière, de cet accomplissement, c’est-à-dire qu’il m’a fourni l’aliment d’une dernière activité, quelques thèmes pour penser et pour écrire.

J’avais besoin, pour mon nouveau volume, d’un titre qui en indiquât sans ambiguïté au lecteur le contenu et l’intention. Cela a été atteint en le rattachant à mon Histoire de la langue française. Dès l’origine, je regrettai d’avoir donné à ce livre-là un titre trop ambitieux, car ce sont des fragments d’histoire, et non une histoire en forme. Cela n’a pas empêché le livre d’être utile à l’étude de notre vieil idiome, et d’y intéresser le public ; car il est à sa huitième édition. C’est un succès sous la garantie duquel j’ai aimé à mettre mes Études et Glanures.

La création des langues néo-latines est l’œuvre du peuple roman tout entier ; je désigne par ce nom le peuple qui parlait le latin vulgaire. Il occupait, au moment de la chute de l’empire, l’Italie et ses