Page:Emile Littre - Etudes et glanures - Didier, 1880.djvu/323

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langues romanes conjuguent le verbe réfléchi : « Conjuguer, dit-il, avec l’auxiliaire être, des verbes ayant un complément direct ne constitue nullement une anomalie, comme le croient des grammairiens. L’erreur provient de ce qu’ils ne se rendent pas compte du rôle de l’auxiliaire en composition, rôle qui se réduit à tenir lieu de flexions. Au parfait comme aux autres temps composés, nos verbes ont leur flexion séparée du thème ; cette flexion qui est ai si le sujet est agent, se change en suis s’il est en même temps patient ; mais il n’y a rien de changé pour cela dans les rapports du verbe avec son complément. Dans je me suis frappé par exemple, me est le complément de suis frappé, comme il le serait de ai frappé dans la phrase supposée plus correcte je m’ai frappé, comme il l’est de frappe dans je me frappe ; et l’on n’est pas plus fondé à le considérer comme le complément de suis dans le premier cas, et de ai dans le second, qu’on ne le serait, dans le troisième, à séparer du thème la flexion e pour le lui attribuer comme régime. Je me suis vengé, pour prendre un autre exemple, est identique, pour la forme comme pour le fond, avec me ultus sum. Dira-t-on aussi que me est ici le complément de sum ? Évidemment encore personne ne s’en étonne. Qu’on ne s’étonne donc pas davantage de voir en français des verbes conjugués avec être, dans les temps composés desquels cet auxiliaire ne joue pas d’autre rôle que sum dans ceux des verbes déponents latins, recevoir, comme ceux-ci, un complément direct. »

J’approuve tout ce qui précède, sauf l’assimilation de notre participe passé avec le participe passé déponent latin ; vengé, frappé n’ont jamais signifié ayant vengé, ayant frappé. Notre parfait j’ai frappé