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Page:Emile Littre - Etudes et glanures - Didier, 1880.djvu/345

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mains et les Scandinaves, fractionnée en principautés indépendantes, ne pouvait avoir aucun rôle dans le démêlé entre la Germanie païenne et l’Occident chrétien. L’Espagne était beaucoup trop loin ; et, d’ailleurs, avant que les deux adversaires se fussent serrés de près, la conquête arabe l’avait rayée temporairement du nombre des nations chrétiennes. L’Italie, qui, au reste, n’atteignait la Germanie que par un petit côté, venait de tomber des mains des Ostrogoths aux mains des Lombards, était détenue en partie par les Grecs, et n’avait ni puissance ni volonté d’aller combattre sur le Rhin des envahisseurs toujours renouvelés. Ce rôle fut assigné par la géographie à la Gaule ; et, grâce aux Dagobert, aux Charles Martel, aux Pépin et aux Charlemagne, les barbares d’au delà du Rhin furent transformés en chrétiens, se fixèrent au sol et devinrent propres à entrer dans le grand système féodal du moyen âge.

Dans quelqu’une des métamorphoses de la déclinaison classique, M. de Jubainville a cru reconnaître une influence du langage gaulois. Tous ceux qui ont manié des manuscrits latins ont rencontré, dans des souscriptions de copistes, Parisius, pour dire « à Paris » ; et les chartes des rois capétiens antérieurs au treizième siècle portent la formule actum Parisius, data Parisius. D’où vient cette formule étrange ? Dans les derniers temps de l’empire romain, en 365, Valentinien, passant l’hiver à Paris, y data trois constitutions, écrivant, comme voulait la grammaire, Parisiis. Mais à peine l’empire est-il tombé, que Parisius apparaît dans les textes mérovingiens : ad Parisius civetate pour ad Parisiorum civitatem ; apud Parisius pour apud Parisios ; Parisius sedem