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Page:Emile Littre - Etudes et glanures - Didier, 1880.djvu/347

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dans Ennius et dans Plaute, l’s des noms en us : horridu miles pour horridus miles, natu’st pour natus est, etc., et que le latin classique l’avait depuis longtemps perdue à la fin des noms qui ont un r à la dernière syllabe du thème : ager, puer, socer. Dès lors, d’où vient l’s du sujet singulier en vieux français et en vieux provençal, si ce n’est de l’influence du gaulois, qui avait gardé cette s finale, comme le prouvent de nombreux exemples ? « On nous accusera peut-être, dit M. de Jubainville, page 33, d’exagérer ici l’influence celtique. Ce qu’il y a de certain, c’est que les documents latins de la Gaule mérovingienne, comme les plus anciens monuments néolatins du même pays, gardent l’s finale du nominatif singulier masculin de la deuxième déclinaison dans les mots où le latin classique la conserve, et que cet attachement à l’s finale est à la fois conforme à une loi de la grammaire gauloise et contraire à une tendance latine qui a prévalu définitivement en italien. »

Malgré les curieuses raisons réunies par M. de Jubainville, je ne crois pas que sa conjecture puisse être admise. Un point de vue différent me force à écarter et le latin archaïque, et la deuxième déclinaison gauloise, et l’autorité de l’italien. En effet, sortant de la deuxième déclinaison latine et étendant la vue plus loin, nous trouvons : rois de rex, seus de salix, cors de curtis, pels de pellis, niés de nepos, teus de talis, queus de qualis, griés de gravis, soués de suavis, pois de pondus, cors de corpus, cons de comes. Ces exemples témoignent que l’s apparaît au cas sujet quand le nominatif latin a une s, quelle que soit la déclinaison ; et c’est pour cela que caballus donne chevals ou chevaus, palus,