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Page:Emile Littre - Etudes et glanures - Didier, 1880.djvu/348

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pals ou paus, etc., comme pondus donne poids. Il n’y a donc pas lieu d’invoquer une influence gauloise ; c’est l’influence latine qui a tout déterminé.

On se représente mal la déclinaison de la langue d’oïl, quand on la subordonne à la règle de l’s. Elle est subordonnée à une seule règle, celle des deux cas, un sujet et un régime, le sujet formé du nominatif latin (sauf des exceptions dont je vais parler), le régime formé de l’accusatif ordinairement, tout cela gouverné par l’accentuation latine : mieudre de melior et mellor de meliorem, graindre de grandior et greignor de grandiorem, pire de pejor et pior de pejorem, pere de pater, gendre de gener, etc. Mais la langue ne fut pas partout conséquente avec elle-même ; elle faillit en quatre catégories considérables, les noms féminins en io, ionis, les noms féminins en as, atis, les noms féminins en us, utis et les noms masculins abstraits en or, oris. Dans ces quatre catégories, la dérivation se fit, non du nominatif et de l’accusatif latins, mais de l’accusatif latin seulement. Dès lors, en ces noms, il n’y eut pas de distinction entre le cas sujet et le cas régime. D’où vient cette anomalie et comment se fait-il que la formation qui avait d’abord prévalu ne se soit pas continuée régulièrement et ait laissé s’introduire, malgré l’analogie, une formation d’un caractère différent?

M. de Jubainville signale des faits de grammaire mérovingienne qui se rapportent à la question soulevée. Ce sont, dans la troisième déclinaison, des emplois du génitif, de l’accusatif, de l’ablatif pour le nominatif ou sujet ; optimatis au lieu de optimas, parentis au lieu de parens, cessionem pour cessio, vendiccione pour venditio, emunitate pour immunitas et bien d’autres. Ces exemples montrent les