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COMMENT J’AI FAIT MON DICTIONNAIRE
DE LA LANGUE FRANÇAISE


CAUSERIE[1]


Rien ne m’avait préparé particulièrement à une entreprise de ce genre… Rien ? Et les travaux consignés dans le présent volume et ceux, plus considérables, que contient l’Histoire de la langue française ? Sans doute ; mais cela qui me qualifia amplement lors des transformations de mon premier et vague projet, y est postérieur ; et je répète en toute vérité rien ne m’avait préparé à une entreprise de ce genre. J’avais dépassé quarante ans ; la médecine grecque m’occupait entièrement, sauf quelques excursions littéraires qu’accueillaient des journaux quotidiens et des revues. Je donnais chez M. J.-B. Baillière une édition d’Hippocrate, texte grec avec la collation de tous les manuscrits que je pus me procurer, notes et commentaires ; édition dont le premier volume me valut le suffrage de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, et dont le dixième et dernier ne parut qu’en l’année 1860. C’était bien assez de besogne. La Fontaine dit de son homme déjà pourvu d’un gibier suffisant :

  1. 1er mars 1880.