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Page:Emile Littre - Etudes et glanures - Didier, 1880.djvu/416

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Tout modeste chasseur en eût été content


Son chasseur n’était pas modeste, et le fabuliste ajoute aussitôt :


_____Mais quoi ! rien ne remplit
Les vastes appétits d’un faiseur de conquêtes.


Entendons-nous pourtant sur mes vastes appétits. Je suis de ces esprits inquiets ou charmés qui voudraient parcourir les champs divers du savoir et obtenir, suivant la belle expression de Molière, des clartés de tout ; mais, à la fois avare et avide, je n’aimais à rien lâcher. C’est ainsi que je continuai mon Hippocrate, tout en entreprenant mon dictionnaire. Que n’ai-je pas roulé en mon esprit ? Si ma vieillesse avait été forte et que la maladie ne l’eût pas accablée, j’aurais mis la main, avec quelques collaborateurs, à une histoire universelle dont j’avais tout le plan.

Mais revenons. La conception du dictionnaire fut due, en de telles circonstances, à une occasion fortuite, n’eut d’abord qu’un petit commencement et un caractère fragmentaire, et ne parvint que par des élaborations successives à se former en un plan général et en un ensemble où toutes les parties concouraient. Mes lectures, toujours très diverses, avaient amené sous mes yeux des recherches étymologiques. A la suite, je me plus à partager quelques mots français en préfixes, suffixes et radicaux. Cela me parut curieux ; et incontinent, sans prendre le temps ni la peine de pousser plus loin l’expérience, j’imaginai qu’il y avait là matière à un dictionnaire étymologique de la langue, refaisant, à la lumière des méthodes modernes, ce que Ménage avait fait deux cents ans auparavant, non sans mérite. Au