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Page:Emile Littre - Etudes et glanures - Didier, 1880.djvu/420

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combiner, durant beaucoup d’années, avec les travaux qui me faisaient vivre, se jetaient en travers de ma résolution. Enfin, vers le matin, le courage prit le dessus. J’eus honte de reculer après m’être avancé. La séduction du plan que j’avais conçu fut la plus forte, et je signai le traité.

Pourtant ma confession n’est pas tout à fait complète. M. Hachette m’avait avancé, je l’ai dit, quatre mille francs, et les rendre devenait une première obligation, du moment que rien ne se concluait entre nous. Je n’étais pas hors d’état de les restituer, mais ils faisaient partie de quelques économies auxquelles je tenais comme le petit épargnant tient à ses épargnes. Ils ne furent donc pas sans une certaine influence sur ma détermination. Toutefois, j’étais destiné à n’en pas jouir. La révolution de février, deux ans après, me les enlevait, avec le restant de ces économies qui m’étaient si chères, placées en des dépôts que la crise universelle du crédit fit sombrer. La catastrophe ne toucha pas à mon dictionnaire, à mon plan, à ma résolution. Le résultat (il faut bien juger par le résultat, puisque, auparavant, nous ne pouvons percer l’avenir) m’a donné bien au delà de ce que, dans mes anticipations les plus ambitieuses j’espérais en fait de compensations.

Le commencement était de rassembler force exemples pris dans nos classiques et dans les textes d’ancienne langue. Les classiques allèrent de soi, sans que je m’interdisse de sortir de leur cercle ; quant aux textes d’ancienne langue, je pris les plus célèbres dans chaque siècle depuis le douzième (le onzième a peu de chose) jusqu’au seizième inclusivement. Le seizième siècle est la limite de mon historique. Mon atelier fut aussitôt constitué. M. Hachette