Page:Emile Littre - Etudes et glanures - Didier, 1880.djvu/430

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affaire, que je prisse sur l’imprimerie une avance, fût-ce seulement de quelques semaines, qui me permît, sans arrêter jamais ou même ralentir la composition, de grossir, au fur et à mesure de mes remises à mon metteur en pages, mon canevas de tout ce que j’avais amassé, d’en remanier les divisions au gré de mes notes, et de le réformer sans rien rabattre de mes meilleures ambitions. Cette avance, je devais la gagner en préparant chaque semaine un peu plus de copie que l’imprimerie n’en consommait. Comment je réussis à faire ces petites épargnes qui, accumulées, me constituèrent un fonds complet de roulement, c’est ce que j’expliquerai après avoir exposé d’abord de quelle façon le travail de l’impression (car je la commençai intrépidement) fut organisé de concert avec mes collaborateurs.

Ils étaient au nombre de quatre : MM. Beaujean, Jullien, Sommer et Baudry ; dans le cours de l’œuvre, M. Sommer mourut et fut remplacé par M. Despois ; M. le capitaine d’artillerie André, plus tard, m’offrit son aide, que j’acceptai de grand cœur. Tels furent mes collaborateurs réguliers, sans parler de plusieurs volontaires qui, à un jour ou à un autre, pour ceci ou pour cela, me fournirent gracieusement des renseignements fort appréciés. Je ne répéterai pas ici l’expression de ma reconnaissance, que j’ai consignée dans la préface de mon dictionnaire. Non qu’elle se soit affaiblie ; loin de là, elle est plus sentie aujourd’hui qu’au moment même. Alors j’étais dans l’effort de l’enfantement et la fièvre de l’incertitude ; aujourd’hui un succès bien établi me fait toucher du doigt combien ils m’y ont aidé. En vérité, dans un ouvrage aussi complexe que le mien, plus on a de collaborateurs, plus on évite de