Page:Emile Littre - Etudes et glanures - Didier, 1880.djvu/449

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collectionneur, a gardé par devers lui cet autographe, témoignage d’un accès de satisfaction qui me saisit au moment et que je ne pus m’empêcher de consigner tel que je le ressentais. C’était bien cette fois une vraie fin ; et une nouvelle et présomptueuse illusion ne venait pas me duper. Depuis, mon dictionnaire ne reçut aucun remaniement, aucune refonte. Sans doute, tout en avançant dans l’impression, je revoyais ma copie à mesure que je la donnais, y ajoutant, en fait d’additions et de rectifications, tout ce que, dans l’intervalle, j’avais recueilli ou qu’on m’avait communiqué avec bienveillance ; mais cela ne réagissait plus sur l’ensemble, qui demeura complètement déterminé. De ces notes récoltées au cours de l’impression, quelques-unes, naturellement, se rapportaient à ce qui était déjà imprimé et qui ne pouvait plus être changé. J’en fis un petit recueil, qui, sous le titre de Supplément, fournit une cinquantaine de pages et forma la clôture du quatrième volume. Dans les années qui suivirent la publication du dictionnaire, ce petit supplément grossit beaucoup, et il est devenu un volume publié à part. Mais qui peut espérer de clore jamais un dictionnaire de langue vivante ? Encore aujourd’hui je relève sans sourciller ce que mes lectures ou des communications spontanées m’indiquent comme oubli, comme lacune, comme erreur. Soin superflu sans doute ; car mon grand âge et des souffrances permanentes m’interdisent de songer à rien entreprendre en ce genre, mais soin que ma conscience de lexicographe ne me permet pas de négliger. Cela constitue un dossier provisoire que mes successeurs trouveront, et qui peut-être ne leur sera pas inutile,