Page:Emile Souvestre - Le Journaliste - Tome 1 - Charpentier 1839.djvu/200

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est-il possible que j’aie fait cela ? Non, ce n’est qu’un rêve. — Ah !… ce n’est que trop vrai ; abîmes, entr’ouvrez-vous sous mes pieds ; terre, engloutis-moi ! Je pleurai, je me roulai à terre ; je considérai les lieux, les bois, j’y étais venu d’autres fois. Hélas ! me disais-je, pensais-je que je m’y trouverais un jour dans cet état ? Pauvre mère, pauvre sœur, pauvre malheureux enfant qui venait avec moi à la charrue, qui menait le cheval, qui hersait bien tout seul ! ils sont anéantis pour toujours, ces malheureux[1] ! »

Pierre erra un mois entier à travers les champs et les bois, vivant d’herbes, de racines, de fruits sauvages. Pendant ce temps, ses idées se modifièrent plusieurs fois. Revenu à l’appréciation vraie de son action,

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