Page:Emile Souvestre - Le Journaliste - Tome 1 - Charpentier 1839.djvu/201

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il en eut honte et en redouta les suites. Son audace avait disparu avec son exaltation. Tant qu’avait duré son égarement, il était demeuré loyalement et tranquillement féroce ; avec la raison, vinrent la ruse et le mensonge. Semblable à cet homme qui, poussé par un défi, gravit follement un pic inaccessible des Alpes, et, une fois au sommet, comprit le danger et ne voulut plus redescendre, Pierre recula devant les conséquences de l’action qu’il avait librement accomplie. Enfin, pourtant, étant entré, le 2 juillet 1835, à Langannerie, un gendarme qui le vit passer avec son arbalète sous le bras, fut frappé de sa figure hâve et de son œil hagard. — D’où êtes-vous ? lui demanda-t-il. — De partout, répondit Pierre.— Où allez-vous ? — Où Dieu me commande. — Qui êtes-vous ?— Pierre Rivière. Il fut immédiatement arrêté.