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Page:Emile Zola, Mes haines - Mon salon - Edouard Manet, Ed. Charpentier, 1893.djvu/55

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frappe de mort, se décide à feindre le repentir et à servir de nouveau ce Dieu auquel il ne croit plus. Il part, il fait pénitence ; il tente de sauver son enfant par un mensonge. Mais Calixte apprend le sacrilège de son père et elle meurt dans une dernière crise. Sombreval, selon la pensée de l’auteur, tue sa fille, comme il a tué sa femme, comme il a tué son père. Dans la folie de sa douleur, il creuse avec ses ongles la fosse déjà comblée, il arrache Calixte à la terre et court se jeter avec le cadavre dans l’étang du Quesnay, où la Malgaigne avait vu, avec les yeux de l’âme, les deux corps étendus côte à côte. Il va sans dire que Néel meurt trois mois après, juste à l’heure fixée par la voyante. Voilà comme quoi s’accomplirent les prophéties d’une vieille femme.

M. Barbey d’Aurevilly ne saurait se plaindre. Je crois avoir donné une analyse consciencieuse, presque sympathique de son roman. Nous pouvons discuter à l’aise, maintenant que les pièces du procès sont connues. Je désire appuyer sur mes appréciations, en reprenant tour à tour les principaux personnages et certains détails de l’œuvre

Avant tout, quelle a été la véritable pensée de l’auteur, que défend-il, que veut-il nous prouver ? M. Barbey d’Aurevilly n’est pas un homme à réticences ni à plaidoyers timides. On doit, sans crainte, tirer les enseignements des faits qu’il avance, et on est certain qu’il ne désavouera pas ses intentions, si extrêmes qu’elles soient. Voici les principes monstrueux que l’on peut formuler après la lecture d’Un