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Page:Emile Zola - Au bonheur des dames.djvu/521

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AU BONHEUR DES DAMES.

— Partez donc ! cria-t-il dans un flot de larmes. Allez retrouver celui que vous aimez… C’est la raison, n’est-ce pas ? Vous m’aviez prévenu, je devrais le savoir et ne pas vous tourmenter davantage.

Elle était restée saisie, devant la violence de ce désespoir. Son cœur éclatait. Alors, avec une impétuosité d’enfant, elle se jeta à son cou, sanglota elle aussi, en bégayant :

— Oh ! monsieur Mouret, c’est vous que j’aime !

Une dernière rumeur monta du Bonheur des Dames, l’acclamation lointaine d’une foule. Le portrait de madame Hédouin souriait toujours, de ses lèvres peintes. Mouret était tombé assis sur le bureau, dans le million, qu’il ne voyait plus. Il ne lâchait pas Denise, il la serrait éperdument sur sa poitrine, en lui disant qu’elle pouvait partir maintenant, qu’elle passerait un mois à Valognes, ce qui fermerait la bouche du monde, et qu’il irait ensuite l’y chercher lui-même, pour l’en ramener à son bras, toute-puissante.