traire, le soleil, pareil à une boule de feu, descendait majestueusement dans un lac de saphir tranquille ; un instant, la coupole noire de l’Institut l’écornait, comme une lune à son déclin ; puis, la boule se violaçait, se noyait au fond du lac devenu sanglant. Dès février, elle agrandit sa courbe, elle tomba droit dans la Seine, qui semblait bouillonner à l’horizon, sous l’approche de ce fer rouge. Mais les grands décors, les grandes féeries de l’espace ne flambaient que les soirs de nuages. Alors, suivant le caprice du vent, c’étaient des mers de soufre battant des rochers de corail, c’étaient des palais et des tours, des architectures entassées, brûlant, s’écroulant, lâchant par leurs brèches des torrents de lave ; ou encore, tout d’un coup, l’astre, disparu déjà, couché derrière un voile de vapeurs, perçait ce rempart d’une telle poussée de lumière, que des traits d’étincelles jaillissaient, partaient d’un bout du ciel à l’autre, visibles, ainsi qu’une volée de flèches d’or. Et le crépuscule se faisait, et ils se quittaient avec ce dernier éblouissement dans les yeux, ils sentaient ce Paris triomphal complice de la joie qu’ils ne pouvaient épuiser, à toujours recommencer ensemble cette promenade, le long des vieux parapets de pierre.
Un jour enfin, il arriva ce que Claude redoutait, sans le dire. Christine semblait ne plus croire qu’on pût les rencontrer. Qui, du reste, la connaissait ? Elle passerait ainsi, éternellement inconnue. Lui, songeait aux camarades, avait parfois un petit frisson, en croyant distinguer au loin quelque dos de sa connaissance. Il était travaillé d’une pudeur, l’idée qu’on pourrait dévisager la jeune fille, l’aborder, plaisanter peut-être, lui causait un insupportable malaise. Et, ce jour-là justement, comme elle se serrait à son bras,