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LES ROUGON-MACQUART.

Elle te posera tout ce que tu voudras, n’est-ce pas, ma chère ?

— Pardi, tout de suite !

— C’est que, dit le peintre embarrassé, mon tableau me prendra jusqu’au Salon… Il y a là une figure qui me donne un mal ! Impossible de m’en tirer, avec ces sacrés modèles !  

Elle s’était plantée devant la toile, elle levait son petit nez d’un air entendu.

— Cette femme nue, dans l’herbe… Eh bien ! dites donc, si je pouvais vous être utile ?  

Du coup, Jory s’enflamma.

— Tiens ! mais c’est une idée ! Toi qui cherches une belle fille, sans la trouver !… Elle va se défaire. Défais-toi, ma chérie, défais-toi un peu, pour qu’il voie. 

D’une main, Irma dénoua vivement son chapeau, et elle cherchait de l’autre les agrafes de son corsage, malgré les refus énergiques de Claude, qui se débattait, comme si on l’eût violenté.

— Non, non, c’est inutile… Madame est trop petite… Ce n’est pas du tout ça, pas du tout !

— Qu’est-ce que ça fiche ? dit-elle, vous verrez toujours. 

Et Jory s’obstinait.

— Laisse donc ! c’est à elle que tu fais plaisir… Elle ne pose pas d’habitude, elle n’en a pas besoin ; mais ça la régale, de se montrer. Elle vivrait sans chemise… Défais-toi, ma chérie. Rien que la gorge, puisqu’il a peur que tu ne le manges !  

Enfin, Claude l’empêcha de se déshabiller. Il bégayait des excuses : plus tard, il serait très heureux ; en ce moment, il craignait qu’un document nouveau n’achevât de l’embrouiller ; et elle se contenta de