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LES ROUGON-MACQUART.

supérieur à ses passions, en simple chatouilleur de baronnes sur le retour.

Justement, Jory lui signala un article, dans l’unique but de se donner une importance, car il avait la prétention d’avoir fait Fagerolles, comme il prétendait jadis avoir fait Claude.

— Dis donc, as-tu lu l’étude de Vernier sur toi ? En voilà un encore qui me répète !

— Ah ! il en a, lui, des articles ! soupira Mahoudeau.

Fagerolles eut un geste insouciant de la main ; mais il souriait, avec le mépris caché de ces pauvres diables si peu adroits, s’entêtant à une rudesse de niais, lorsqu’il était si facile de conquérir la foule. Ne lui suffisait-il pas de rompre, après les avoir pillés ? Il bénéficiait de toute la haine qu’on avait contre eux, on couvrait d’éloges ses toiles adoucies, pour achever de tuer leurs œuvres obstinément violentes.

— As-tu lu, toi, l’article de Vernier ? répéta Jory à Gagnière. N’est-ce pas qu’il dit ce que j’ai dit ?

Depuis un instant, Gagnière s’absorbait dans la contemplation de son verre sur la nappe blanche, que le reflet du vin tachait de rouge. Il sursauta.

— Hein ! l’article de Vernier ?

— Oui, enfin tous ces articles qui paraissent sur Fagerolles.

Stupéfait, il se tourna vers celui-ci.

— Tiens ! on écrit des articles sur toi… Je n’en sais rien, je ne les ai pas vus… Ah ! on écrit des articles sur toi ! pourquoi donc ?

Un fou rire s’éleva, Fagerolles seul ricanait de mauvaise grâce, croyant à une farce méchante. Mais Gagnière était d’une absolue bonne foi : il s’étonnait