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Page:Emile Zola - L’Œuvre.djvu/306

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IX


Claude, qui ne pouvait peindre son grand tableau dans le petit atelier de la rue de Douai, résolut de louer autre part quelque hangar, d’espace suffisant ; et il trouva son affaire, en flânant sur la butte Montmartre, à mi-côte de la rue Tourlaque, cette rue qui dévale derrière le cimetière, et d’où l’on domine Clichy, jusqu’aux marais de Gennevilliers. C’était un ancien séchoir de teinturier, une baraque de quinze mètres de long sur dix de large, dont les planches et le plâtre laissaient passer tous les vents du ciel. On lui louait ça trois cents francs. L’été allait venir, il abattrait vite son tableau, puis donnerait congé.

Dès lors, il se décida à tous les frais nécessaires, dans sa fièvre de travail et d’espoir. Puisque la fortune était certaine, pourquoi l’entraver par des prudences inutiles ? Usant de son droit, il entama le capital de sa rente de mille francs, il s’habitua à prendre sans compter. D’abord, il s’était caché de Christine, car elle l’en avait empêché deux fois déjà ; et, lorsqu’il dut le dire, elle aussi, après huit jours