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Page:Emile Zola - L’Œuvre.djvu/354

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LES ROUGON-MACQUART.

net que la rondeur du ventre, dont la chair luisait, couleur de lune.

Après un long silence, Sandoz demanda :

— Veux-tu que j’aille avec toi, lorsque tu accompagneras là-bas ton tableau ?

Claude ne lui répondant pas, il crut l’entendre pleurer. Était-ce la tristesse infinie, le désespoir dont il venait d’être secoué lui-même ? Il attendit, il répéta sa question ; et le peintre, alors, après avoir ravalé un sanglot, bégaya enfin :

— Merci, mon vieux, le tableau reste, je ne l’enverrai pas.

— Comment, tu étais décidé ?

— Oui, oui, j’étais décidé… Mais je ne l’avais pas vu, et je viens de le voir, sous ce jour qui tombait… Ah ! c’est raté, raté encore, ah ! ça m’a tapé dans les yeux comme un coup de poing, j’en ai eu la secousse au cœur !

Ses larmes, maintenant, ruisselaient lentes et tièdes, dans l’obscurité qui le cachait. Il s’était contenu, et le drame dont l’angoisse silencieuse l’avait ravagé, éclatait malgré lui.

— Mon pauvre ami, murmura Sandoz bouleversé, c’est dur à se dire, mais tu as peut-être raison tout de même d’attendre, pour soigner des morceaux… Seulement, je suis furieux, car je vais croire que c’est moi qui t’ai découragé, avec mon éternel et stupide mécontentement des choses.

Claude, simplement, répondit :

— Toi ! je ne t’écoutais pas… Non, je regardais tout qui fichait le camp, dans cette sacrée toile. La lumière s’en allait, et il y a eu un moment, sous un petit jour gris, très fin, où j’ai brusquement vu clair : oui, rien ne tient, les fonds seuls sont