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Page:Emile Zola - L’Œuvre.djvu/421

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L’ŒUVRE.

gaillan, glorieux de son gendre médaillé, l’avait promené, présenté en tous lieux, à titre d’associé et de successeur. En voilà un qui allait mener les affaires rondement, construire moins cher et plus beau, car le gaillard avait pâli sur les livres ! Mais la première idée de Dubuche fut déplorable : il inventa un four à briques et l’installa en Bourgogne, sur des terrains à son beau-père, dans des conditions si désastreuses, d’après un plan si défectueux, que la tentative se solda par une perte sèche de deux cent mille francs. Il se rabattit alors sur les constructions, où il prétendait vouloir appliquer des vues personnelles, un ensemble très mûri, qui renouvellerait l’art de bâtir. C’étaient les anciennes théories qu’il tenait des camarades révolutionnaires de sa jeunesse, tout ce qu’il avait promis de réaliser quand il serait libre, mais mal digéré, appliqué hors de propos, avec la lourdeur du bon élève sans flamme créatrice : les décorations de terres cuites et de faïences, les grands dégagements vitrés, surtout l’emploi du fer, les solives de fer, les escaliers de fer, les combles de fer ; et, comme ces matériaux augmentent les frais, il avait de nouveau abouti à une catastrophe, d’autant plus qu’il était un administrateur pitoyable et qu’il perdait la tête depuis sa fortune, épaissi encore par l’argent, gâté, désorienté, ne retrouvant même pas son application au travail. Cette fois, le père Margaillan se fâcha, lui qui, depuis trente ans, achetait les terrains, bâtissait, revendait, en établissant d’un coup d’œil les devis des maisons de rapport : tant de mètres de construction, à tant le mètre, devant donner tant d’appartements, à tant de loyer. Qui est-ce qui lui avait fichu un gaillard qui se trompait sur la chaux, la brique, la meulière, qui mettait du chêne où le sapin devait