Page:Emile Zola - L’Œuvre.djvu/422

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
422
LES ROUGON-MACQUART.

suffire, qui ne se résignait pas à couper un étage, comme un pain bénit, en autant de petits carrés qu’il le fallait ! Non, non, pas de ça ! il se révoltait contre l’art, après avoir eu l’ambition d’en introduire un peu dans sa routine, pour satisfaire un vieux tourment d’ignorant. Et, dès lors, les choses allèrent de mal en pis, des querelles terribles éclatèrent entre le gendre et le beau-père, l’un dédaigneux, se retranchant derrière sa science, l’autre criant que le dernier des manœuvres, décidément, en savait beaucoup plus qu’un architecte. Les millions périclitaient. Margaillan, un beau jour, jeta Dubuche à la porte de ses bureaux, en lui défendant d’y remettre les pieds, puisqu’il n’était pas même bon à conduire un chantier de quatre hommes. Un désastre, une faillite lamentable, la banqueroute de l’École devant un maçon !

Claude, qui s’était mis à écouter, demanda :

— Alors, que fait-il, maintenant ?

— Je ne sais pas, rien sans doute, répondit Sandoz. Il m’a dit que la santé de ses enfants l’inquiétait et qu’il les soignait.

Madame Margaillan, cette femme pâle, en lame de couteau, était morte phtisique ; et c’était le mal héréditaire, la dégénérescence, car sa fille, Régine, toussait elle-même depuis son mariage. En ce moment, elle faisait une cure aux eaux du Mont-Dore, où elle n’avait point osé emmener ses enfants, qui s’étaient trouvés très mal, l’année précédente, d’une saison dans cet air trop vif pour leur débilité. Cela expliquait l’éparpillement de la famille : la mère là-bas, avec une seule femme de chambre ; le grand-père à Paris, où il avait repris ses grands travaux, se battant au milieu de ses quatre cents ouvriers, accablant de son mépris les paresseux et les incapables ; et le père