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Page:Emile Zola - L’Œuvre.djvu/423

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L’ŒUVRE.

réfugié à la Richaudière, commis à la garde de sa fille et de son fils, interné là, dès la première lutte, ainsi qu’un invalide de la vie. Dans un instant d’expansion, Dubuche avait même laissé entendre que, sa femme ayant failli mourir à ses secondes couches, et s’évanouissant d’ailleurs au moindre contact trop vif, il s’était fait un devoir de cesser tous rapports conjugaux avec elle. Pas même cette récréation.

— Un beau mariage, dit simplement Sandoz, pour conclure.

Il était dix heures, quand les deux amis sonnèrent à la grille de la Richaudière. La propriété, qu’ils ne connaissaient point, les émerveilla : une futaie superbe, un jardin français avec des rampes et des perrons qui se déroulaient royalement, trois serres immenses, surtout une cascade colossale, une folie de rocs rapportés, de ciment et de conduites d’eau, où le propriétaire avait englouti une fortune, par une vanité d’ancien gâcheur de plâtre. Et ce qui les frappa plus encore, ce fut le désert mélancolique de ce domaine, les avenues ratissées, sans une trace de pas, les lointains vides que traversaient les rares silhouettes des jardiniers, la maison morte dont toutes les fenêtres étaient closes, sauf deux, entrebâillées à peine.

Pourtant, un valet de chambre, qui s’était décidé à paraître, les interrogea ; et, quand il sut qu’ils venaient pour monsieur, il se montra insolent, il répondit que monsieur était derrière la maison, au gymnase. Puis, il rentra.

Sandoz et Claude suivirent une allée, débouchèrent en face d’une pelouse, et ce qu’ils virent les arrêta un instant. Dubuche, debout devant un trapèze, levait les bras, pour y maintenir son fils Gaston, un