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Page:Emile Zola - La Bête humaine.djvu/135

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V


À onze heures quinze, l’heure précise, le poste du pont de l’Europe signala, des deux sons de trompe réglementaires, l’express du Havre, qui débouchait du tunnel des Batignolles ; et bientôt les plaques tournantes furent secouées, le train entra en gare avec un bref coup de sifflet, grinçant sur les freins, fumant, ruisselant, trempé par une pluie battante dont le déluge ne cessait pas depuis Rouen.

Les hommes d’équipe n’avaient pas encore tourné les loquets des portières, qu’une d’elles s’ouvrit et que Séverine sauta vivement sur le quai, avant l’arrêt. Son wagon se trouvait en queue, elle dut se hâter pour arriver à la machine, au milieu du flot brusque des voyageurs, descendus des compartiments, dans un embarras d’enfants et de paquets. Jacques était là, debout sur la plate-forme, attendant pour rentrer au dépôt ; tandis que Pecqueux, avec un linge, essuyait des cuivres.

— Alors, c’est entendu, dit-elle, haussée sur la pointe des pieds. Je serai rue Cardinet à trois heures, et vous aurez l’obligeance de me présenter à votre chef, pour que je le remercie.

C’était le prétexte imaginé par Roubaud, un remerciement au chef du dépôt des Batignolles, à la suite d’un vague service rendu. De cette façon, elle se trouverait