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Page:Emile Zola - La Bête humaine.djvu/346

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XI


C’était dans la grande chambre à coucher de la Croix-de-Maufras, la chambre tendue de damas rouge, dont les deux hautes fenêtres donnaient sur la ligne du chemin de fer, à quelques mètres. Du lit, un vieux lit à colonnes, placé en face, on voyait les trains passer. Et, depuis des années, on n’y avait pas enlevé un objet, pas dérangé un meuble.

Séverine avait fait monter dans cette pièce Jacques blessé, évanoui ; tandis qu’on laissait Henri Dauvergne au rez-de-chaussée, dans une autre chambre à coucher, plus petite. Elle gardait pour elle-même une chambre voisine de celle de Jacques, dont le palier seul la séparait. En deux heures, l’installation fut suffisamment confortable, car la maison était restée toute montée, il y avait jusqu’à du linge au fond des armoires. Un tablier noué par-dessus sa robe, Séverine se trouvait changée en infirmière, après avoir télégraphié simplement à Roubaud qu’il n’eût pas à l’attendre, qu’elle demeurerait là sans doute quelques jours, pour soigner des blessés, recueillis chez eux.

Et, dès le lendemain, le médecin avait cru pouvoir répondre de Jacques, même en huit jours il comptait le remettre sur pied : un véritable miracle, à peine de légers désordres intérieurs. Mais il recommandait les plus grands soins, l’immobilité la plus absolue. Aussi, lorsque