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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/1

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I


Désirée battit des mains. C’était une enfant de quatorze ans, forte pour son âge, et qui avait un rire de petite fille de cinq ans.

— Maman, maman ! cria-t-elle, vois ma poupée !

Elle avait pris à sa mère un chiffon, dont elle travaillait depuis un quart d’heure à faire une poupée, en le roulant et en l’étranglant par un bout, à l’aide d’un brin de fil. Marthe leva les yeux du bas qu’elle raccommodait avec des délicatesses de broderie. Elle sourit à Désirée.

— C’est un poupon, ça ! dit-elle. Tiens, fais une poupée. Tu sais, il faut qu’elle ait une jupe, comme une dame.

Elle lui donna une rognure d’indienne qu’elle trouva dans sa table à ouvrage ; puis, elle se remit à son bas, soigneusement. Elles étaient toutes deux assises, à un bout de l’étroite terrasse, la fille sur un tabouret, aux pieds de la mère. Le soleil couchant, un soleil de septembre, chaud encore, les baignait d’une lumière tranquille ; tandis que, devant elles, le jardin, déjà dans une ombre grise, s’endormait. Pas