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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/2

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LES ROUGON-MACQUART.

un bruit, au dehors, ne montait de ce coin désert de la ville.

Cependant, elles travaillèrent dix grandes minutes en silence. Désirée se donnait une peine infinie pour faire une jupe à sa poupée. Par moments, Marthe levait la tête, regardait l’enfant avec une tendresse un peu triste. Comme elle la voyait très embarrassée :

— Attends, reprit-elle ; je vais lui mettre les bras, moi.

Elle prenait la poupée, lorsque deux grands garçons de dix-sept et dix-huit ans descendirent le perron. Ils vinrent embrasser Marthe.

— Ne nous gronde pas, maman, dit gaiement Octave. C’est moi qui ai mené Serge à la musique… Il y avait un monde, sur le cours Sauvaire !

— Je vous ai crus retenus au collège, murmura la mère, sans cela, j’aurais été bien inquiète.

Mais Désirée, sans plus songer à la poupée, s’était jetée au cou de Serge, en lui criant :

— J’ai un oiseau qui s’est envolé, le bleu, celui dont tu m’avais fait cadeau.

Elle avait une grosse envie de pleurer. Sa mère, qui croyait ce chagrin oublié, eut beau lui montrer la poupée. Elle tenait le bras de son frère, elle répétait, en l’entraînant vers le jardin :

— Viens voir.

Serge, avec sa douceur complaisante, la suivit, cherchant à la consoler. Elle le conduisit à une petite serre, devant laquelle se trouvait une cage posée sur un pied. Là, elle lui expliqua que l’oiseau s’était sauvé au moment où elle avait ouvert la porte pour l’empêcher de se battre avec un autre.

— Pardi ! ce n’est pas étonnant, cria Octave, qui s’était assis sur la rampe de la terrasse : elle est toujours à les