l’évêché chez les personnages influents, expliquant avec sa bonne grâce « l’heureux projet qu’elle avait conçu, » promenant des toilettes adorables, récoltant des aumônes et des promesses d’appui ; de son côté, madame Rastoil, dévotement, racontait aux prêtres qu’elle recevait le mardi, comment lui était venue la pensée de sauver du vice tant de malheureuses enfants, tout en se contentant de charger l’abbé Bourrette de faire des démarches auprès des sœurs de Saint-Joseph, pour obtenir qu’elles voulussent bien desservir l’établissement projeté ; tandis que madame Delangre faisait au petit monde des fonctionnaires la confidence que la ville devrait cet établissement à son mari, à la gracieuseté duquel le comité était déjà redevable d’une salle de la mairie, où il se réunissait et se concertait à l’aise. Plassans était tout remué par ce vacarme pieux. Bientôt il n’y fut plus question que de l’œuvre de la Vierge. Il y eut alors une explosion d’éloges, les intimes de chaque dame patronnesse se mettant de la partie, chaque cercle travaillant au succès de l’entreprise. Des listes de souscription, qui coururent dans les trois quartiers, furent couvertes en une semaine. Comme la Gazette de Plassans publiait ces listes, avec le chiffre des versements, l’amour-propre s’éveilla, les familles les plus en vue rivalisèrent entre elles de générosité.
Cependant, au milieu du tapage, le nom de l’abbé Faujas revenait souvent. Bien que chaque dame patronnesse réclamât l’idée première comme sienne, on croyait savoir que l’abbé avait apporté cette idée fameuse de Besançon. M. Delangre le déclara nettement au conseil municipal, dans la séance où fut voté l’achat de l’immeuble désigné par l’architecte du diocèse comme très-propre à l’installation de l’œuvre de la Vierge. La veille, le maire avait eu avec le prêtre un très-long entretien, et ils s’étaient séparés en échangeant de longues poignées de main. Le secrétaire de mairie les avait même entendus se traiter de « cher