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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/115

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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

pourtant toujours qu’un humble vicaire de Saint-Saturnin. Les lèvres minces de l’abbé Fenil se pinçaient davantage ; ses pénitentes lui donnaient des colères contenues, en lui demandant obligeamment des nouvelles de sa santé.

Alors, l’abbé Faujas entra en pleine sérénité. Il continuait sa vie sévère ; seulement, il prenait une aisance aimable. Ce fut un mardi soir qu’il triompha définitivement. Il était chez lui, à une fenêtre, jouissant des premières tiédeurs du printemps, lorsque la société de M. Péqueur des Saulaies descendit au jardin et le salua de loin ; il y avait là madame de Condamin, qui poussa la familiarité jusqu’à agiter son mouchoir. Mais au même moment, de l’autre côté, la société de M. Rastoil s’asseyait devant la cascade, sur des sièges rustiques. M. Delangre, appuyé à la terrasse de la sous-préfecture, guettait ce qui se passait chez le juge, par-dessus le jardin des Mouret, grâce à la pente des terrains.

— Vous verrez qu’ils ne daigneront pas même l’apercevoir, murmura-t-il.

Il se trompait. L’abbé Fenil, ayant tourné la tête, comme par hasard, ôta son chapeau. Alors tous les prêtres qui étaient là en firent autant, et l’abbé Faujas rendit le salut. Puis, après avoir lentement promené son regard, à droite et à gauche, sur les deux sociétés, il quitta la fenêtre, il ferma ses rideaux blancs d’une discrétion religieuse.