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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/158

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LES ROUGON-MACQUART.

Lui, saluait avec aisance. Autour de lui, c’était une ovation flatteuse, un chuchotement de femmes ravies. Madame Delangre et madame Rastoil n’attendirent pas qu’il vint les saluer ; elles s’avancèrent pour le complimenter de sa nomination qui était officielle depuis le matin. Le maire, le juge de paix, jusqu’à monsieur de Bourdeu, lui donnèrent des poignées de main vigoureuses.

— Hein ! quel gaillard ! murmura M. de Condamin à l’oreille du docteur Porquier ; il ira loin. Je l’ai flairé dès le premier jour… Vous savez qu’ils mentent comme des arracheurs de dents, la vieille Rougon et lui, avec leurs simagrées. Je l’ai vu se glisser ici plus de dix fois, à la nuit tombante. Ils doivent tremper dans de jolies histoires, tous les deux !

Mais le docteur Porquier eut une peur atroce que M. de Condamin ne le compromît ; il se hâta de le quitter pour serrer, comme les autres, la main de l’abbé Faujas, bien qu’il ne lui eût jamais adressé la parole.

Cette entrée triomphale fut le grand événement de la soirée. L’abbé s’étant assis, un triple cercle de jupes l’entoura. Il causa avec une charmante bonhomie, parla de toutes choses, évitant soigneusement de répondre aux allusions. Félicité l’ayant questionné directement, il se contenta de dire qu’il n’habiterait pas la cure, qu’il préférait le logement où il vivait si tranquille, depuis près de trois ans. Marthe était là, parmi les dames, très réservée, ainsi qu’à son ordinaire. Elle avait simplement souri à l’abbé, le regardant de loin, un peu pâle, l’air las et inquiet. Mais, lorsqu’il eut fait connaître son intention de ne pas quitter la rue Balande, elle rougit beaucoup, elle se leva pour passer dans le petit salon, comme suffoquée par la chaleur. Madame Paloque, auprès de laquelle M. de Condamin était allé s’asseoir, ricana en lui disant assez haut pour être entendue :