rongés par une envie rageuse de descendre, eux aussi, de goûter aux fruits, de causer avec le beau monde. Ils tapaient les persiennes, s’accoudaient un instant, se retiraient, furieux, sous les regards dompteurs du prêtre ; puis, ils revenaient, à pas de loup, coller leurs faces blêmes à un coin des vitres, espionnant chacun de ses mouvements, torturés de le voir jouir si à l’aise de ce paradis qu’il leur défendait.
— C’est trop bête ! dit un jour Olympe à son mari ; il nous mettrait dans une armoire, s’il pouvait, pour garder tout le plaisir… Nous allons descendre, si tu veux. Nous verrons ce qu’il dira.
Trouche venait de rentrer de son bureau. Il changea de faux col, épousseta ses souliers, voulant être tout à fait bien. Olympe mit une robe claire. Puis, ils descendirent bravement dans le jardin, marchant à petits pas le long des grands buis, s’arrêtant devant les fleurs. Justement, l’abbé Faujas tournait le dos, causant avec M. Maffre, sur le seuil de la petite porte de l’impasse. Lorsqu’il entendit crier le sable, les Trouche étaient derrière son dos, sous la tonnelle. Il se tourna, s’arrêta net au milieu d’une phrase, stupéfait de les trouver là. M. Maffre, qui ne les connaissait pas, les regardait curieusement.
— Un bien joli temps, n’est-ce pas, messieurs ? dit Olympe, qui avait pâli sous le regard de son frère.
L’abbé, brusquement, entraîna le juge de paix dans l’impasse, où il se débarrassa de lui.
— Il est furieux, murmura Olympe. Tant pis ! il faut rester. Si nous remontons, il croira que nous avons peur… J’en ai assez. Tu vas voir comme je vais lui parler.
Et elle fit asseoir Trouche sur une des chaises que Rose avait apportées, quelques instants auparavant. Quand l’abbé rentra, il les aperçut tranquillement installés. Il poussa les verrous de la petite porte, s’assura d’un coup d’œil que