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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/20

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LES ROUGON-MACQUART.

sans… Avez-vous vu le derrière de sa soutane, quand il s’est tourné ?… Ça m’étonnerait beaucoup, si les dévotes couraient après celui-là. Il est trop râpé ; les dévotes aiment les jolis curés.

— Sa voix a de la douceur, dit Marthe, qui était indulgente.

— Pas lorsqu’il est en colère, toujours, reprit Mouret. Vous ne l’avez donc pas entendu se fâcher, quand il a su que l’appartement n’était pas meublé ? C’est un rude homme ; il ne doit pas flâner dans les confessionnaux, allez ! Je suis bien curieux de savoir comment il va se meubler, demain. Pourvu qu’il me paye, au moins. Tant pis ! je m’adresserai à l’abbé Bourrette ; je ne connais que lui.

On était peu dévot dans la famille. Les enfants eux-mêmes se moquèrent de l’abbé et de sa mère. Octave imita la vieille dame, lorsqu’elle allongeait le cou pour voir au fond des pièces, ce qui fit rire Désirée.

Serge, plus grave, défendit « ces pauvres gens. » D’ordinaire, à dix heures précises, lorsqu’il ne faisait pas sa partie de piquet, Mouret prenait un bougeoir et allait se coucher ; mais, ce soir-là, à onze heures, il tenait encore bon contre le sommeil. Désirée avait fini par s’endormir, la tête sur les genoux de Marthe. Les deux garçons étaient montés dans leur chambre. Mouret bavardait toujours, seul en face de sa femme.

— Quel âge lui donnes-tu ? demanda-t-il brusquement.

— À qui ? dit Marthe, qui commençait, elle aussi, à s’assoupir.

— À l’abbé, parbleu ! Hein ? entre quarante et quarante-cinq ans, n’est-ce pas ? C’est un beau gaillard. Si ce n’est pas dommage que ça porte la soutane ! Il aurait fait un fameux carabinier.

Puis, au bout d’un silence, parlant seul, continuant à voix haute des réflexions qui le rendaient tout songeur :